Le premier conseil de la sexologue, et de loin le plus important : utilisez un préservatif ! ©Pexels

IST, MST, cystite… Les maladies et petits tracas à transmission sexuelle restent la plus grande cause de consultation en gynécologie et en planning familial. Elodie Vincent, sexologue et thérapeute de couple à Vichy (Allier), prend la plume pour délivrer quelques précieux conseils.

Nous ne sommes pas tous égaux face à ce genre de microbes invasifs. Sachez que la fatigue, la drogue, l’alcool, les tensions liées à un sentiment de culpabilité face au fait de prendre du plaisir accentuent le risque de transmission. L’émotionnel et ce que l’on bloque tiennent une part importante de ce que déclenche le corps, un corps sain est aussi un corps auquel on prête écoute et attention, à plus forte raison dans un domaine de l’intime qu’est la sexualité !

Les affections les plus dangereuses et qui restent tout au long de la vie, avec des risques de stérilité, de problèmes rénaux, de complications gynécologiques sont les gonocoques, des champignons récalcitrants aimant les urètres, les clitoris et les anus. Viennent ensuite les fameuses chlamydias qui sont recherchées en même temps lors des analyses, ainsi que les papillomes pour lesquels un vaccin est possible tant que l’on est encore vierge.

Il est important de distinguer les IST des MST. Les MST (maladies sexuellement transmissibles) sont plus graves et se transmettent via la pénétration alors que les IST se transmettent par échange de fluides. Une seule chose à vous conseiller : les préservatifs !

Les femmes sont plus fragiles

Les muqueuses féminines internes offrent une plus grande surface de fragilité et fluctuent rapidement entre les cycles. Le milieu humide, chaud et concave est plus propice au développement de mycoses et candidoses qu’un gland toujours en mouvement et sur lequel il est moins aisé de s’accrocher.

Ainsi, il peut arriver qu’un homme soit porteur sain d’un germe mais que sa partenaire ait été contaminée par exemple par un papillomavirus sans même en avoir conscience !

La prévention commence avant le dépistage

Je vous invite, avant même la case test hiv, batterie d’examens, et remises en question, à vous connecter à la personne que vous aimez, ou même à la personne que vous n’aimerez qu’un soir, à vous regarder, écouter votre cœur l’un l’autre et à prendre conscience de cette vie qui bat pour vous même. Comment alors vous est-il possible de mettre en danger cette vie-là ?

Reprenez cet exercice aussi souvent que nécessaire pour ne pas retomber dans les travers du ‘’je m’en foutisme’’ par rapport à la confiance donnée et échangée dans un rapport sexuel.

Le but ici est de surpasser l’acte sexuel consommatoire (ou alors d’y entrer en toute conscience), mais bel et bien de donner du sens pour soi à cet acte sexuel, à cet échange.

Je suis contaminé(e), comment réagir ?

Pas d’hésitation ! il faut consulter un médecin ou un gynécologue ! Passer par un traitement, en conscience et en mesurant bien les conséquences et le cadre de la prise de risque non pas en tant que justification face au médecin mais face à soi, à identifier la mesure de ce que nous sommes en train de vivre.

Lorsque l’on découvre une IST ou MST, il est important de pouvoir s’exprimer sur son ressenti et d’avoir des avis médicaux rassurants. La faille narcissique liée à la blessure de trahison de son propre corps et de la part de la personne avec laquelle on partage un moment intime est plus puissante qu’on ne le pense.

Le traitement doit être pris par les deux personnes et il doit y avoir un dépistage de vérification post traitement.

Pratique anale : prenez vos précautions !

Outre la mode et la surenchère des plaisirs liés à la sodomie, la société telle qu’elle conçoit nos tabous, canons et fantasmes actuels valorise la pénétration anale, voir la banalise. Il s’agit de la zone du corps la plus pathogène car il ne faut pas oublier qu’elle véhicule des choses dont le corps ne veut plus.

Les pratiques anales peuvent être sources d’amour et de plaisir si on sait prendre les mesures de protection : lubrifiants, hygiène renforcée, préservatif, préparation et exercices de sphincters post pénétration pour ne pas avoir d’accidents, qui accentuent la possibilité de développer un germe et une IST.

Gare aux blessures du cœur

Le fait de se sentir trahi, atteint dans sa santé est une blessure plus grave que l’on ne le pense, tant pour la personne qui amène l’infection que pour celle qui se voit contaminée. L’échange sexuel est un don de soi, de son propre corps qui engage la confiance intime, la réciprocité de ce qu’elle contient de précieux. Le fait de réaliser un dépistage ensemble constitue alors un engagement.

Il est important de faire prendre conscience aux personnes de ce qu’elles mettent en jeu lorsqu’elles passent un cap vers le sexuel, qu’il s’agisse de rapports oraux génitaux ou digitaux génitaux. Ce n’est pas parce que l’on est très excité qu’il faut autoriser une personne à caresser son vagin ou autre muqueuse sans s’être assuré de la propreté de ses mains. Tout cela tient au retour de l’échange complet et galant (la galanterie n’est pas réservée au rapport hétéro), c’est-à-dire que les notions de respect mutuel et de limites de soi sont à retrouver, à mettre en place dans le dialogue.

Le sexe, un échange mutuel

La sexualité est une fin, un but à atteindre à deux et non un simple moyen de se faire aimer. Beaucoup de personnes l’oublient si facilement. La simple barrière de l’espace personnel est trop souvent rapidement violée, ce qui ne laisse pas le temps au corps de se mettre en condition de réception/don d’amour et de plaisir, mais plus de se retrouver en système de sécurité.

Le système parasympathique laisse la place au système vagal, le système sympathique qui va faire aller tout très vite au sein des fluides, des mécanismes et qui donne lieu tant à de l’éjaculation précoce qu’à des cystites.

En tout cas, il y a toujours moyen de se prémunir et d’être attentif à l’autre lors de la partie de plaisir. Je vous invite à vous poser la question des choses que vous auriez pu remarquer sur l’approche de l’autre, et ses réactions lorsque vous proposez une protection.

Soyez léger, soyez protégé !

Elodie Vincent

Elodie Vincent, dont le cabinet Intimement Vous se situe à Vichy, est spécialiste en sexologie et thérapie de couple. Outre ses consultations, la jeune femme effectue un important travail pédagogique en vue d’une sexualité épanouie, au travers d’articles, de conférences, d’ une émission de radio et différents engagements associatifs (Solid’Hair, Collectif Hubertine Auclert).

A SAVOIR

La cystite se distingue de la ‘’chaude pisse’’ (blennorragie ou gonohrée) car elle concerne un germe de la vessie qui se loge dans les zones urétrales et entraîne des brûlures à la miction (sans le pus que donne la gonorrhée ou ‘’chaude pisse’’). Ce sont des maladies très répandues, liées à la culpabilité de la prise de plaisir et au viol du territoire.

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