Le concept one health fait particulièrement parler de lui depuis l'apparition des cas de variole du singe.
La chute de la biodiversité favorise les rapprochement entre l'homme et la faune sauvage. Avec à la clé un risque d'épidémies renforcé. ©Deposit photo

Depuis la pandémie de Covid-19, le concept « One Health » ou « une seule santé » en français fait de plus en plus d’adeptes. Le principe : il n’y a plus de frontière entre santé humaine et santé animale. Une vision transversale légitimée depuis l’apparition des premiers cas de variole du singe.

One health, what else ? Visionnaire, le Lyonnais Charles Mérieux, pionnier de la vaccination de masse, avait décelé dès les années 50 les liens de plus en plus étroits entre santé humaine et santé animale. Une approche holistique qui prend tout son sens depuis la crise sanitaire liée au coronavirus, et plus récemment avec les premiers cas de variole du singe (voir encadré) détectés en France.

Covid-19, Ebola, Zika, Sida, grippe aviaire… Les dernières études scientifiques révèlent que plus de 60% des maladies humaines infectieuses sont d’origine animale, ainsi que 75% des maladies émergentes. Avec parfois des épidémies aux conséquences dramatiques.

Ce phénomène planétaire ne doit rien au hasard. En cause, notamment, la croissance de la population mondiale conjuguée à des facteurs environnementaux comme le développement des grandes métropole, l’intensification des transports, la déforestation et, plus globalement, la dégradation de notre environnement.

One health : “quand le virus n’a pas de frontière”

Ecartés de leur milieu naturel, de nombreux animaux sauvages se retrouvent contraints désormais de cohabiter avec d’autres espèces, domestiques et/ou d’élevage. Des exemples ? En Inde, les vautours contribuent à la propagation de la rage humaine, alors qu’une chauve-souris frugivore a transmis le virus Nipah au porc… puis à l’homme ! Quant au dérèglement climatique, il favorise l’adaptation des insectes – vecteurs d’agents pathogènes – sous d’autres contrées lointaines, à l’instar du moustique tigre.

Trois axes de travail

« Aujourd’hui, on travaille sur trois grands axes :

1) la prévention pour anticiper l’émergence et la transmission à l’Homme de nouveaux pathogènes. Cela passe par l’usage intensif du big data et la constitution de bases de données très puissantes pour essayer de prévoir quels pathogènes peuvent passer d’une espèce animale à l’autre, et à l’homme. C’est le cas, par exemple, de la grippe aviaire qui ne se transmet pas à l’Homme directement mais pourrait diffuser le virus via le porc avant d’infecter l’humain ;

2) la préparation pour identifier le type de pathogène, préalable indispensable pour concevoir un vaccin et/ou un traitement efficaces. Cela signifie récupérer des échantillons et les analyser pour trouver les bons anticorps ;

3) la réaction avec la production et la vaccination en masse de l’animal et de l’Homme, le déploiement de traitements spécifiques ou beaucoup plus larges comme l’immunothérapie », explique Magali Hainaut, directrice de la R&D France, chez Boehringer Ingelheim, acteur très engagé dans cette approche transversale et globale de la santé, le “one health”.

Une prise de conscience, vraiment ?

Selon cette scientifique, seule une prise de conscience rapide et mondiale des enjeux du « one health » permettra de limiter l’impact catastrophique de la dégradation de notre environnement. « Le virus n’a pas de frontière. Pour s’en sortir, il va falloir casser les silos et travailler ensemble : public, privé, institutions, médecine humaine et médecine vétérinaire. Cela passe par une mise en commun de nos bases de données, le partage d’outils de prévention et de production. Sans cela, on ne pourra pas répondre de manière efficace à une épidémie de grande ampleur », insiste Magali Hainaut.

Des propos alarmistes qui prennent tout leur sens depuis la pandémie de Covid-19, même si un doute subsiste sur l’origine véritable de la maladie…

À SAVOIR

Depuis ce printemps, la variole du singe fait grimacer les scientifiques sans forcément les alarmer. Comme son nom ne l’indique pas, le virus « Monkeypox » a été transmis à l’origine à l’homme par les rongeurs. Les premiers cas d’infection humaine ont été détectés en Afrique Centrale dans les années 70. Depuis, la maladie s’est propagée au reste du monde, notamment en France, transmission favorisée par les rapports homosexuels ou bisexuels. Elle se traduit d’abord par des maux de tête, une fièvre élevée et une grande fatigue, puis par une éruption cutanée qui disparaît spontanément au bout d’une à deux semaines. Les cas mortels sont très rares.

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