Saint-luc Saint-Joseph à Lyon fait de l'hypnose
L'hypnose fait son entrée à l'hôpital

De plus en plus d’hôpitaux français ont recours à l’hypnose pour lutter contre la douleur et l’anxiété. C’est le cas du centre hospitalier Saint-Joseph Saint-Luc, à Lyon, qui a formé une partie de son personnel aux techniques d’hypnose à visée antalgique ou anxiolytique. Pourquoi ? Pour quels types d’interventions ? Le témoignage de Jean-Pierre Lavignon, médecin urgentiste lyonnais.

La pratique de l’hypnose est-elle une technique nouvelle en milieu hospitalier ?

Certains hôpitaux à l’étranger, notamment en Belgique et certains pays nordiques, pratiquent l’hypnose depuis plusieurs années. En France, cette pratique reste encore très confidentielle. Elle est surtout pratiquée par les anesthésistes, dans le cadre d’interventions ophtalmologiques par exemple, et dans certains centres anti douleurs, beaucoup moins par les urgentistes. Cela dit, les techniques de l’hypnose ont tendances à se développer en France.

Dans quels cas peut-on faire appel à l’hypnose en milieu hospitalier ?

Cette technique est surtout utilisée pour réduire à la fois la douleur et l’anxiété des patients, parfois en complément de médicaments. Certains sont sceptiques sur l’efficacité de la technique mais rares sont les patients qui refusent d’en tester la pertinence. On fait preuve aussi de pédagogie en expliquant que cette pratique ne comporte aucun danger, qu’il s’agit juste d’un état physiologique naturel déclenché par le patient lui-même. Parfois, le patient conserve les yeux ouverts. Ce n’est pas pas du micro sommeil ni de la somnolence. Plutôt une forme d’état second que vous connaissez parfois dans votre vie quotidienne.

C’est à dire ?

Lorsque vous faites régulièrement le même trajet en voiture, vous avez parfois le sentiment d’être arrivé à destination sans vous en rendre compte. Tout votre corps, vos réflexes, sont en éveil mais votre esprit est ailleurs. Vous êtes en “conduite automatique”, un état d’auto hypnose comparable à l’impression ressentie lors d’une séance d’hypnose à l’hôpital.

L’hypnose se développe en traumatologie

Quels sont les pathologies les plus adaptées à la pratique de l’hypnose ?

On l’utilise beaucoup en traumatologie, pour un doigt ou une épaule luxée par exemple. Je pratique également régulièrement des ponctions lombaires sous hypnose, des actes traumatisants qui impliquent un fort stress du patient. L’hypnose ne pas faire disparaître complètement la douleur, elle va permettre de la détourner. Voilà pourquoi de telles séances ne durent jamais très longtemps, entre 5 minutes et une demi-heure maximum en fonction de l’état du patient.

Concrètement, comment se déroule une séance d’hypnose en milieu hospitalier ?

La plupart du temps, on propose au patient de concentrer son esprit sur une activité qu’il apprécie. Ce peut être un loisirs, un séjour à la mer, à la montagne, une pratique sportive… Virtuellement, j’ai emmené aussi d’autres patients vers la musique et même vers leur passion du tricot ! La personne parvient ainsi à se décontracter, elle se relâche complètement.

C’est donc un monologue ?

Absolument. C’est moi qui parle, qui donne donne la mesure. Le patient ne fait qu’écouter ma “musique” de voix en se concentrant sur ces impressions anesthésiques évoquant des odeurs, des couleurs, des bruits, des choses agréables. Certaines pratiques apprises lors de notre formation permettent de savoir exactement à quel moment le patient “décroche”, qu’il est prêt physiquement et psychologiquement à subir l’intervention.

Une récupération cicatricielle plus rapide

Cette technique de l’hypnose se révèle-t-elle parfois inefficace ?

Parfois, il faut renforcer ce travail psychologique par un apport médicamenteux. Mais dans ce cas, les médicaments administrés sont plus légers qu’en situation éveillée. Dans d’autres cas, pour les personnes anxieuses à l’idée de se laisser aller, il est possible de mettre un membre en catatonie, autrement dit d’isoler une partie du corps. Avec cette méthode, on peut notamment d’effectuer certaines interventions légères comme la pose de points de suture ou une réduction de luxation.

Le patient ne ressent donc rien lors de l’intervention ?

Pas exactement. Il ressent quelque chose mais ce ressenti n’est pas désagréable. Ce n’est pas de la douleur. Juste une sensation étrange.

Quels sont les avantages de cette technique ?

D’une part, on évite l’anesthésie. D’autre part, la récupération est bien plus rapide, que ce soit sur le plan psychologique ou cicatriciel. En effet, sans injection de produits anesthésiques, la plaie n’est pas gonflée. Elle est plus “jolie” et cicatrice plus vite.

A savoir

A ce jour, une quarantaine de personnes (médecins, infirmiers, aides-soignants, brancardiers) travaillant au centre hospitalier Saint-Luc Saint-Joseph ont déjà pu suivre cette formation à l’hypnose. D’ici à deux ou trois ans, l’établissement hospitalier lyonnais espère développer la pratique de l’hypnose dans ses services pour proposer au patient – 24h/24h et à différents moments de son parcours de soin – cette méthode à visée antalgique et anxiolytique.

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