Boiron diversifie ses activités en se tournant vers la production d'autotests de dépistage de la Covid-19.
À Messimy (Rhône), les laboratoires Boiron ont constitué en urgence des équipes pour répondre à la forte demande d'autotests dans les pharmacies: 30 à 35 000 autotests sont directement assemblés chaque jour sur place pour permettre au fournisseur du groupe de tenir le rythme.©PF

En pleine cinquième vague de l’épidémie, les autotests vont-ils sauver les fêtes de fin d’année ? Alors que le conseil scientifique recommande chaudement leur recours avant toutes retrouvailles familiales, le Groupe Boiron, leader mondial de l’homéopathie, a reconverti une partie de son site de production de Messimy, dans les Monts du Lyonnais, en unité de conditionnement d’autotests grand public par prélèvement nasal. L’objectif, aider à répondre à une demande en surchauffe dans les pharmacies du pays, où sont actuellement expédiés 200 000 autotests par jour.

Au sein d’une région Auvergne-Rhône-Alpes particulièrement touchée par l’épidémie, l’inquiétude enfle à l’aube des festivités. Et le conseil scientifique a fait des autotests grand public un outil de dépistage décisif avant les retrouvailles familiales, en vue d’éviter la propagation du virus et une flambée post-festive des cas.

Des centaines de milliers d’autotests sont vendus chaque jour dans les pharmacies du pays et le président de la fédération des syndicats pharmaceutiques de France a récemment fait part de ses craintes d’une pénurie. Dans la région lyonnaise, les laboratoires Boiron ont ainsi mis les bouches doubles pour tenir le rythme, passant de 150 000 à 200 000 le nombre d’autotests expédiés chaque jour dans les officines françaises, mais aussi en Belgique, Portugal, Luxembourg, Hongrie ou encore Slovaquie.

Le géant de l’homéopathie s’est positionné sur le marché de l’autotest dès le printemps dernier. “Nous avons l’outil, le personnel et la qualité pharmaceutique. Toute l’entreprise s’est mise en mouvement pour soutenir la santé publique en France”, confirme sa directrice générale Valérie Lorentz-Poinsot. Le groupe s’est associé à plusieurs partenaires, parmi lesquels le laboratoire breton NG Biotech, pour proposer une gamme d’autotests antigéniques par prélèvement nasal.

Des autotests agréés, moins invasifs et fiables à 98%

6 à 7 000 boîtes de 5 autotests sont produites chaque jour à Messimy dans les locaux des laboratoires Boiron.
6 à 7 000 boîtes de 5 autotests sont produites chaque jour à Messimy. ©PF

Et pour faire face à une demande devenue trop importante, notamment pour son partenaire, l’entreprise conditionne elle-même une partie de la production quotidienne, soit 30 à 35 000 tests. “Chacun veut fêter en toute sécurité Noël et le jour de l’an. Face à la demande importante de tests, on a eu besoin d’accélérer”, note la dirigeante du Groupe Boiron. Depuis mercredi dernier, une vingtaine de salariés sont ainsi exclusivement dédiés à cette tâche, sur des lignes improvisées au coeur des ateliers de production de médicaments homéopathiques. Parmi eux, un collaborateur du service export, un autre du marketing, venus se mêler à des intérimaires pour préparer sans relâche les boites contenant les éléments fournis par NG Biotech.

Chaque boîte, vendue 23 à 25€ en pharmacie, contient 5 tests nasaux, moins invasifs que les tests pharyngés, utilisables en toute autonomie et fiables à 98%. La seule obligation ? Réaliser un test PCR en cas de diagnostic positif, pour confirmer le résultat. Ces autotests, validés par la Haute Autorité de Santé et l’Agence Nationale du Médicament, peuvent également être réalisés sous le couvert d’un professionnel de santé: dits “supervisés”, ils sont alors valables pour le pass sanitaire.

L’autotest, une aubaine pour le leader mondial de l’homéopathie

“Nous sommes devenus en six mois le leader de la vente d’autotest en officines, avec 30% de part de marché”, détaille Valérie Lorentz-Poinsot. Outre ses espaces, le groupe Boiron met à disposition son laboratoire P3, pour “tester les tests” et son “outil logistique composé de quinze établissements de proximité dans toute la France”.

Une manière pour l’entreprise de contribuer à la lutte contre l’épidémie de Covid-19, mais aussi de s’offrir de nouveaux débouchés. L’arrêt du remboursement des produits homéopathiques a en effet conduit le groupe Boiron a explorer des pistes de diversification. “L’entreprise a été fortement secouée, il a fallu se retourner très vite pour conserver la confiance des actionnaires et maintenir notre rentabilité, à travers de nouveaux leviers de croissance” comme la phytothérapie, très récemment, ou encore, donc, les autotests.

Ces derniers pourraient-ils être produits directement par le Groupe Boiron ? “La crise n’est pas terminée, loin de là. Fort de cette expérience, nous avons acquis de la compétence et nous travaillons bien sur des tests à mettre à disposition des Français. Si nous sommes leader en homéopathie et que nous comptons bien le rester, nous pouvons aussi envisager un avenir dans les tests”, acquiesce la directrice générale de l’entreprise. D’autant que le principe pourrait trouver de multiples applications, au-delà du dépistage du virus de la Covid-19. “Il est encore trop tôt pour dire lesquelles, mais les Français se sont habitués à se tester, donc le champ des possibles est immense”.

À SAVOIR

Le gouvernement, qui tenait un nouveau conseil de défense sanitaire ce vendredi 17 décembre, a passé la semaine à marteler les recommandations essentielles pour conjuguer la recrudescence de cas. “Restreindre ses contacts dix jours avant, faire un autotest en cas de doute (la veille ou le jour de Noël), bien respecter les gestes barrière, ouvrir régulièrement une fenêtre du salon“, rappelait encore le Ministre de la Santé, Olivier Véran, dans les colonnes du Parisien.

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