Équipe de soignants de la clinique du Val d'Ouest
Les soignants de la clinique du Val d'Ouest, près de Lyon, prêtent désormais main-forte à leurs confrères engagés dans la lutte contre la Covid-19. ©Clinique du Val d'Ouest ©clinique_du_Val_Ouest

La baisse des taux d’incidence enregistrée à Lyon et dans les départements de la région, n’a pas encore eu d’écho dans les hôpitaux publics, toujours saturés. Pour leur prêter main forte, les cliniques privées lyonnaises, qui s’étaient déjà mobilisées en partie durant la première vague, sont à leur tour requises pour mettre à disposition leur personnel et accueillir des patients atteints de la Covid-19. Elles rejoignent dans une lutte commune contre l’épidémie des établissements sollicités de longue date, à l’image du Médipôle Lyon-Villeurbanne ou encore des hôpitaux Mermoz et Saint-Luc-Saint-Joseph.

790 patients de Covid-19 dont 170 en réanimation, plus de 91% des lits de réanimation occupés… Les chiffres de la crise sanitaire restent exorbitants dans les hôpitaux lyonnais des Hospices Civils de Lyon. Et la courbe des hospitalisations continue de grimper malgré la baisse encourageante du taux d’incidence à Lyon et dans le reste de la région. Pour faire face à la cette seconde vague dont les chiffres doublent ceux de la première, les soignants des cliniques privées lyonnaises renforcent leur aide à leurs confrères hospitaliers.

Des capacités de prise en charge décuplées en réanimation

Le 18 novembre, sur 316 patients hospitalisés en soins critiques sur le territoire, plus d’un tiers étaient pris en charge dans un autre établissement que les Hospices Civils de Lyon (incluant plusieurs établissements privés, ainsi que l’Hôpital Nord-Ouest (HNO) Villefranche et le centre hospitalier de Bourgoin-Jallieu“, explique ainsi l’Agence régionale de santé (ARS).

Aujourd’hui, l’alliance des ressources des établissements privés et publics a permis d’augmenter la capacité d’accueil des patients Covid. En août dernier, les capacités initiales des HCL en réanimation étaient de 139 lits. Au 19 novembre, elles ont grimpé à 277 lits, notamment grâce au renfort de personnel venu d’autres établissements du secteur. Sur la totalité du territoire, le soutien des hôpitaux et cliniques privés a permis de passer de 205 à 436 places en services de réanimation. Une formidable amélioration permise notamment par l’ouverture de nouvelles unités dédiées au Covid-19 dans ces établissements privés. Soit 231 lits de réanimation de plus, et des capacités d’accueil augmentées de 113% au total.

Cette augmentation capacitaire est impressionnante. Nos concitoyens doivent être convaincus que tout a été fait pour ouvrir les lits nécessaires pour accueillir les patients, au prix de réorganisations majeures et de l’engagement résolu des professionnels dans des unités de prises en charge souvent nouvelles pour eux” admire Raymond Le Moign, directeur général des Hospices Civils de Lyon.

 

Une coopération public/privé depuis le début de la pandémie 

Depuis la première vague, le territoire lyonnais a été découpé en quatre secteurs (nord, est, centre et sud). Le pilotage de ces quatre “hubs” composés d’une vingtaine d’établissements publics et privés a été confié aux Hospices Civils de Lyon, gestionnaire des hôpitaux publics lyonnais. Chaque hub est piloté par un hôpital public de référence (Lyon-Sud, Croix-Rousse, Édouard-Herriot et Groupement Est). “Sous l’égide de cet hôpital de référence, les échanges sont quotidiens pour organiser l’accueil des patients, l’ouverture de lits, la mobilité de professionnels, les transferts de matériels et d’équipements...”, soutient l’ARS.

Parmi les établissements privés mobilisés depuis le début de l’épidémie figurent le Médipôle Lyon-Villeurbanne (hub Est) qui possède 20 lits de réanimation, la Clinique de La Sauvegarde (au nord), les hôpitaux Jean Mermoz et Saint-Luc-Saint-Joseph (hub Sud) et l’Hôpital privé de l’Est lyonnais (hub Est).

Uniformisation des professionnels de santé 

Ces établissements accueillent des patients en médecine générale, voire en services de réanimation pour les structures qui en possèdent. Mais c’est surtout au niveau du personnel que ces structures participent à l’effort général. “Ce sont actuellement près de 60 professionnels paramédicaux d’établissements comme la Clinique Saint Charles, la Clinique du Val d’Ouest, la Clinique du Parc, la Clinique de la Part-Dieu, le Centre Médico-Chirurgical des Massues ou encore la Clinique Charcot qui sont venus en renfort aux Hospices Civils de Lyon”, explique l’ARS.

Infirmiers, anesthésistes, aides-soignants, brancardiers, médecins généralistes ou encore hygiénistes… Plusieurs secteurs se mobilisent pour l’organisation de ces unités lyonnaises hors du commun. La seconde vague étant particulièrement grave sur le territoire lyonnais, d’autres professionnels de santé prêtent main forte aux équipes des HCL. Il s’agit notamment des médecins retraités, des professionnels ayant coupé court à leur formation ou encore des étudiants en médecine, pharmacie ou soins infirmiers.

Chaque établissement de santé du territoire contribue au dispositif collégial mis en œuvre sur notre territoire. Chacun contribue à la prise en charge des patients Covid, ainsi que des autres pathologies urgentes. Et ce en fonction de ses capacités et de ses ressources. La solidarité fonctionne au quotidien sur notre territoire”, témoigne Frédérique Gama, directrice de la Clinique Charcot et représentante de la Fédération de l’Hospitalisation Privée (FHP) en Auvergne-Rhône-Alpes.

 

Un service de réanimation déjà saturé à la clinique de l’Infirmière Protestante

Parmi les acteurs de cette solidarité sanitaire, la clinique de l’Infirmerie Protestante. Elle accueille 41 patients dont 15 en services de réanimation et de soins intensifs au 19 novembre. Elle relaie l’hôpital de la Croix-Rousse, qui pilote le hub nord. “Comme au printemps, nous avons été mobilisés dès le début de la crise. La coopération s’est mieux articulée cette seconde vague car nous avons appris de la première. La mise en place des transferts de patients et la mobilisation du personnel étaient plus rapides et mieux organisées”, explique la clinique lyonnaise. Dans l’aile dédiée à la prise en charge des patients de la Covid-19, les services sont déjà surchargés. Les lits de médecine sont déjà occupés à 87%. “On a atteint nos capacités totales, le service de réanimation est complet, détaille la clinique. On espère vraiment une décrue dans les prochaines semaines“.

Récemment, d’autres cliniques lyonnaises, vidées par la déprogrammation des interventions non-urgentes, se sont ajoutées à la liste pour soutenir les services de soins publics. Une collaboration très attendue par certains établissements privés.

Des patients en état grave désormais pris en charge au Val d’Ouest

Cette mobilisation du personnel privé est rendue possible depuis la déprogrammation des interventions non urgentes. La précieuse expertise des soignants privés se met au service des hôpitaux, surchargés. Une requête appuyée récemment auprès du gouvernement par le Dr Patrick Carlioz, chirurgien pédiatre à la clinique du Val d’Ouest.

Dans une lettre ouverte, publiée le 15 novembre, il évoque des ressources humaines inexploitées. “La presque totalité des personnels médicaux et para-médicaux sont au chômage technique. En particulier les médecins anesthésistes réanimateurs et les infirmières et les infirmières anesthésistes Diplômées d’Etat (IADE). Mais tous prêts, sur la base du volontariat, à s’investir dans leur responsabilité Covid”, explique-t-il.

Alors que la tension dans les services hospitaliers reste forte, le Dr Carlioz évoque à l’inverse la “facilité” de créer des lits supplémentaires dans les établissements privés. “Le matériel disponible (locaux, bloc opératoires, respirateurs, salles SSPI-Salle de Surveillance Post Interventionnelles) reste inexploité”, dénonce t-il. “Chaque bloc opératoire, selon sa taille peut être « armé » en deux ou trois lits de réanimation facilement », insiste t-il.

Ouverture de 12 lits, notamment en soins intensifs 

Un appel qui a pu faire bouger les lignes pour la clinique. Désormais, la clinique du Val d’Ouest épaule à son tour les services des Hospices Civils de Lyon (HCL). Depuis le mois de novembre, elle dispose de douze lits dédiés aux patients atteints de la Covid-19. Des places très vites occupées. “Depuis son ouverture, l’unité est pleine en permanence”, confirme la clinique du Val d’Ouest.

Motivés à venir en aide à leurs confrères du public, les médecins du privé ont dû rapidement se familiariser à leurs nouvelles tâches. “Plus de 40 médecins se sont portés volontaires pour monter une liste de gardes et d’astreintes dédiées COVID 7 jours/7, 24heures/24“, explique la clinique. “Chirurgiens, anesthésistes et praticiens prodiguent pour l’occasion aux patients des soins dont ils n’ont pas l’habitude dans l’exercice de leurs spécialités respectives”.

À défaut d’un service de réanimation, la clinique du Val d’Ouest dispose d’une unité de soins intensifs. Elle peut ainsi accueillir des cas graves dans ses services. “Les soignants délivrent des soins lourds aux patients atteints de COVID, majoritairement fragiles et âgés”, selon la clinique. Une aide précieuse pour les hôpitaux publics de la région qui peinent toujours à ouvrir de nouveaux lits de réanimation.

Une unité spéciale Covid-19 à la clinique Natecia

Équipement de protection renforcée, chambres isolées… La clinique privée Natecia, à Lyon, accueille pour la première fois des patients atteints du coronavirus. L’unité Covid-19, gérée par des médecins généralistes lyonnais, s’est ouverte il y a quelques jours seulement. Objectif : désengorger les services de l’hôpital Edouard Herriot, tout proche. Une initiative inédite pour cette clinique, dont les équipements disponibles n’avaient pas été mobilisés lors de la première vague.

La dizaine de lits ouverte depuis novembre accueille ainsi des patients post Covid-19 ou en début de traitement depuis le mois de novembre. “Même si on est une clinique chirurgicale à la base, l’idée était de créer une unité médicale. Le but est de venir en renfort des hôpitaux“, explique le Dr Caroline Verzini, médecin généraliste à Natecia. À peine ouverts, les lits ont déjà presque tous trouvé preneurs. La clinique ne disposant pas d’un service de réanimation, elle ne prend en charge que les cas stables.

Ce dispositif de coordination à l’échelle d’un territoire est exemplaire à bien des égards. Nous sommes tous acteurs d’une solidarité qui mérite d’être soulignée“, applaudit Serge Malacchina, délégué régional de la Fédération Hospitalière de France en Auvergne-Rhône-Alpes.

À SAVOIR

Au 18 novembre, sur la totalité des patients présents dans les services de réanimation des établissements des HCL, plus de 67% sont atteints du Covid-19.

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