En raison du premier confinement et de la crise sanitaire, on estime que 280 cancers du sein n'ont pas pu être dépistés en Auvergne-Rhôn-Alpes. ©Freepik

La crise sanitaire liée au coronavirus et le premier confinement ont fait dangereusement de l’ombre à la prise en charge d’autres pathologies mortelles, en particulier les cancers. En Auvergne-Rhône-Alpes, on estime que 280 dépistages de cancers du sein n’ont pas pu être réalisés en raison des mesures sanitaires. À la clé des conséquences graves voire potentiellement mortelles pour les patientes concernées. C’est face à ce constat que l’URPS des médecins libéraux d’Auvergne-Rhône-Alpes lance un appel à poursuivre les dépistages durant cette période de confinement et à ne pas renoncer aux rendez-vous médicaux.

Il n’y a pas que le COVID dans la vie“. Voici le cri d’alerte et d’agacement des médecins libéraux d’Auvergne-Rhône-Alpes, qui accusent un retard conséquent dans les dépistages du cancer. En ce mois symbolique d’octobre rose, ils estiment pourtant que 280 cancers du sein n’ont pas pu être dépistés dans la région depuis le premier confinement.
 
Fermeture des centres de dépistages ou cabinets en charge des convocations, annulation des rendez-vous médicaux ou encore manque d’équipements… Le premier confinement a eu d’importantes conséquences dans le suivi et la prise en charge du dépistage de nombreux patientes. “Les renoncements de soins du printemps dernier ont entraîné des retards de prise en charge. Ils n’ont pas tous été rattrapés pour l’instant, ce qui risque de générer des séquelles importantes, voire des morts prématurées“, explique le Dr Pierre-Jean Ternamian, médecin radiologue général et Président de l’URPS des médecins libéraux d’Auvergne-Rhône-Alpes (AuRa).
 
Un constat grave que veulent aujourd’hui faire entendre les médecins libéraux de la région. Ils appellent ainsi à “ne pas renoncer aux soins durant la période de confinement” et à poursuivre les opérations de dépistages.
 

Le dépistage du cancer maintenus durant l’actuel confinement

En effet, les services publiques continuent de fonctionner dans le cadre de second confinement. Les médecins espèrent ainsi que les campagnes de dépistage de cancers du sein pourront enfin reprendre et permettre de sauver le plus de vies possibles. Cette pathologie potentiellement mortelle étant en effet évolutive : le temps, c’est de la vie.
 

Un taux de dépistages du cancer du sein déjà bas

Les professionnels s’inquiètent donc des conséquences sur la santé des patientes atteintes d’un cancer du sein sans le savoir. Et pour cause. Les campagnes de dépistages du cancer du sein peinent déjà à arriver à des résultats satisfaisants. À titre d’exemple, le taux d’adhésion atteint péniblement 56% des patientes convoquées dans le Rhône. “Même après avoir reçu deux convocations pour un dépistage gratuit du cancer du sein, une femme sur deux ne le fait pas“, déplore le Dr Ternamian.
 
Les centres de soin se confrontent ainsi à une hausse des réticences des patientes à se rendre chez les professionnels de santé depuis la crise du coronavirus. “Le gouvernement a communiqué en masse pour dire aux personnes de ne pas se rendre chez leurs médecins et d’éviter le plus possible les cabinets médicaux. Ce n’était clairement pas une bonne solution !”, regrette le médecin radiologue. Il rappelle l’importance de continuer à se faire soigner.
 

Des conséquences graves chez les patientes

Ce retard de dépistage de lésions cancéreuses pourrait avoir de graves conséquences sur le pronostic vital des patientes. En effet, plus un cancer est dépisté tôt, meilleur est sa prise en charge.
Il y a donc une potentielle perte de chance de survie pour ces femmes. Une situation considérée comme “injuste” pour le président de l’URPS des médecins AuRa. Il souligne : “Une étude régionale devrait normalement être en cours pour évaluer de façon chiffrée les conséquences de ce retard de dépistages chez les patientes. C’est un devoir auprès de ces patientes d’en tirer des conséquences. Je m’assurerais que cette étude ait bien lieu.
 
À l’échelle nationale, “l’augmentation de la mortalité par cancer du sein se situera entre 1 et 5% dans les dix ans qui viennent“, selon le conseil scientifique de la fondation ARC pour la recherche contre le cancer, sur FranceInter.
 
En attendant, la réalisation des dépistages, qui sauve chaque année des vies, reste possible pour toutes les femmes concernées. Pour rappel, on estime que neuf cancers sur dix peuvent être guéris, s’ils sont pris en charge à temps.
 
 

À SAVOIR

Le dépistage du cancer du sein est préconisé aux femmes de 50 à 75 ans. Avant cette tranche d’âge, sont concernées celles ayant un ou des facteurs de risque. Elles doivent prendre rendez-vous chez leur médecin pour un dépistage. Ce dernier pourra être complété par d’autres examens selon le profil de la patiente.
 

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